Rien que par ses parts d'actions dans les sept plus grandes entreprises de l'industrie fossile de son portefeuille, la BNS finance l’équivalent de 28% des émissions domestiques en Suisse. Image : Alliance climatique

Assemblée générale de la BNS : Les actionnaires pour le climat exigent l'abandon des investissements fossiles et la régulation des flux financiers

(CP) Lors de l'assemblée générale (AG) de la Banque nationale suisse (BNS) d'aujourd'hui, des actionnaires et des activistes exigent de la BNS une politique monétaire et de placement respectueuse du climat et de l'environnement. Dans le cadre d'une action de protestation commune dès 8h45, l'Alliance Climatique, le Collectif BreakFree Suisse, Ekō et Campax installeront deux tours de forage devant l'AG de la BNS au Kursaal de Berne, afin de symboliser les milliards investis par la BNS dans des entreprises utilisant la fracturation hydraulique, méthode ultra-polluante d’extraction de pétrole et de gaz. (Text auf Deutsch >>)


Plus de 69'000 personnes ont signé une pétition de l'organisation Ekō afin de demander à la BNS de sortir de ces investissements nocifs. De plus, des experts, des actionnaires ainsi qu'une délégation argentine seront présents durant l'AG et demanderont des comptes à la direction de la BNS. Ils se tiendront à disposition pour des interviews.

Huit propositions
En amont de l'assemblée générale, quelque 80 actionnaires de la BNS pour le climat avaient soumis au Conseil de banque huit propositions pour plus de transparence, de responsabilité en matière de surveillance et de gouvernance. Les demandes d'inscription à l'ordre du jour ont toutefois été rejetées par la BNS pour des raisons juridiquement controversées. Les actionnaires vont attirer l'attention sur cet état de fait lors de l'assemblée générale et demander à la Banque nationale d'intégrer les risques climatiques et environnementaux dans sa politique monétaire.


Asti Roesle, responsable de la thématique place financière à l'Alliance Climatique Suisse : "Si la BNS ne tient pas compte des facteurs climatiques et environnementaux dans ses décisions monétaires, elle envoie des signaux trompeurs aux marchés et affaiblit sa propre capacité à gérer les risques afin de mener correctement les opérations de politique monétaire".


Fracturation hydraulique
Selon ses propres directives de placement, la BNS ne peut pas investir dans des entreprises qui "violent massivement les droits humains fondamentaux" ou qui "causent systématiquement de graves dommages à l'environnement (...)". Pourtant, en investissant dans des entreprises comme ExxonMobil, Shell, Chevron ou Total, la BNS encourage les installations de fracturation hydraulique (ou fracking), notamment à Vaca Muerta en Argentine. Ces installations provoquent régulièrement des tremblements de terre, contaminent les nappes phréatiques et les sols et entraînent de graves problèmes de santé pour la population locale. Si la BNS appliquait correctement ses critères d'exclusion, elle devrait exclure de son portefeuille de devises de nombreuses entreprises fossiles telles que les entreprises utilisant le fracking. Trois personnes directement concernées seront aujourd'hui sur place pour témoigner des effets de la fracturation hydraulique sur leur communauté.

Majorité des cantons
Une majorité des cantons suisses, qui sont ensemble les plus gros actionnaires de la BNS, se sont également prononcés contre le fracking. Investir dans le fracking est donc contraire aux valeurs et aux normes suisses. Le Conseil de banque devrait surveiller les investissements et la gestion des risques de la BNS. En continuant à autoriser de tels investissements, le Conseil de banque viole sa fonction de surveillance.


Sara Eberhart, actionnaire et doctorante à l'EPFZ : "Je ne peux pas voter pour la décharge du conseil de banque, car sans compétences claires dans le domaine du climat, il sous-estime manifestement les risques climatiques et ne remplit donc pas ses tâches définies par la loi. Il n'agit donc pas dans l'intérêt général du pays".


Emissions quatre fois plus importantes
La BNS a également du retard à rattraper en matière de transparence. Certes, elle a indiqué pour la première fois ses émissions dans son rapport de durabilité, mais elle les sous-estime nettement. Les calculs effectués par l'Alliance Climatique montrent que les émissions financées par la BNS sont quatre fois plus importantes que celles qu'elle déclare. Rien que par ses parts d'actions dans les sept plus grandes entreprises de l'industrie fossile de son portefeuille, la BNS finance l’équivalent de 28% des émissions domestiques en Suisse.


Sara Eberhart, actionnaire et doctorante à l'EPFZ : "Je ne peux pas voter pour la décharge du conseil de banque, car sans compétences claires dans le domaine du climat, il sous-estime manifestement les risques climatiques et ne remplit donc pas ses tâches définies par la loi. Il n'agit donc pas dans l'intérêt général du pays".


La BNS devrait présenter un plan clair sur la façon dont elle utilisera sa politique monétaire et ses instruments macroprudentiels pour permettre une transition équitable vers un système économique et financier respectueux du climat et de la nature. Cela irait tout à fait dans le sens de sa mission première : la préservation de la stabilité des prix et de la stabilité financière à long terme.

Texte : Alliance climatique

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