Alors que la Suisse entame son virage énergétique, SIG tire la sonnette d’alarme dans sa prise de position en matière de la consultation de la LapEl. Cet automne, la question de la libéralisation complète du marché de l’électricité s’invite sous la coupole. Avec comme objectif : offrir du courant meilleur marché aux petits consommateurs, comme c’est déjà le cas pour les grandes entreprises. Pour SIG, et plus largement pour le canton de Genève, une course à l’énergie la moins chère n’est pas une bonne nouvelle. Elle menace directement la Stratégie énergétique suisse. Les énergies renouvelables seront les premières perdantes de l’ouverture du marché. C’est pourquoi le Conseil d’administration de SIG, toutes tendances politiques confondues, s’oppose à ce projet.
SIG est attentive à fournir de l’électricité au juste prix. Les tarifs genevois sont dans la moyenne des tarifs des autres villes suisses, selon la comparaison effectuée par le surveillant des prix de l’électricité, l’Elcom, alors que nous fournissons de l’électricité 100% renouvelable. De plus, la libéralisation complète du marché de l’électricité ne portera que sur l’énergie, l’électron, et celui-ci ne compose qu’un tiers du prix total. Autant dire que la baisse de prix ne pourra être que minime.
Ceux qui cassent leurs prix vendent du charbon lignite et du nucléaire. SIG a choisi une autre voie, celle de l’efficience énergétique. Nous aidons nos clients à faire des économies d'énergie. En effet, la diminution des quantités consommées est durable, pas celle des prix. En parallèle, SIG montre l’exemple en fournissant de l’électricité 100% renouvelable à prix compétitifs. L’ensemble de l’électricité consommée en Suisse est pour sa part à 62% renouvelable. Voulons-nous poursuivre cette politique, ou voulons-nous opérer un retour en arrière, en important des énergies polluantes ? Dans l’Union européenne, 72% du courant livré aux consommateurs est issu de centrales à gaz, au charbon ou nucléaires. La part du renouvelable s’élève à 28%.
Libéraliser totalement le marché, c’est ouvrir les portes de la Suisse aux énergies polluantes. C’est aussi livrer nos producteurs d’électricité, notamment nos barrages, à une concurrence déloyale. Les prix cassés pratiqués en Europe, souvent inférieurs aux coûts de production, menacent leur rentabilité. Dans le domaine de l’énergie, la concurrence ne peut s’appliquer sans garde-fou. La Suisse ne peut pas ouvrir son marché sans des conditions cadres équitables, à même de protéger les intérêts de son économie et de son environnement.
A l’issue de cet été 2018, qui a connu d’inquiétantes périodes caniculaires et de sécheresse, n’oublions pas que notre avenir passe par les énergies renouvelables. L’heure est à la transition énergétique, plutôt qu’à l’importation à bas prix d’énergie polluante.
Michel Balestra et Christian Brunier, Président et Directeur général de SIG
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