Stefan Batzli : "En matière d’efficacité énergétique, nous avons fait des progrès. Mais en ce qui concerne les énergies renouvelables, nous n’avons guère profité des opportunités et inutilement perdu du temps."

Aeesuisse : Mettre sur la table des propositions visant à y faire face à court et moyen terme pour l’énergie au lieu d’un appel à acheter de bougies et du bois

(Aeesuisse) Dans une récente interview accordée à la SonntagsZeitung, l’Elcom a appelé à acheter des bougies et du bois en vue de l’hiver à venir. Le bois est certes une importante source d’énergie et la lumière des bougies n’est pas à dédaigner, mais de la part de la plus haute autorité de régulation en matière de sécurité d’approvisionnement, on peut s’attendre à une réponse plus conséquente. Si une pénurie d’électricité se profile, il s’agit de mettre sur la table des propositions visant à y faire face à court et moyen terme. Une stratégie claire et des actions ciblées sont indispensables à cet effet. (Text auf Deutsch >>)


Depuis 2017, nous avons une stratégie énergétique que les électeurs·trices suisses ont approuvée à 58 %. Cette stratégie mise sur l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables et des liens solides avec l’Europe. En dernier recours, les pointes de charge doivent être compensées par l’intervention de centrales à gaz. L’objectif est de transformer notre système énergétique en abandonnant progressivement l’énergie nucléaire. Cette volonté de transition progressive signifie que les installations existantes resteront connectées au réseau aussi longtemps qu’elles sont sûres.

Nous n’avons inutilement perdu du temps
En théorie, nous avons donc bien une stratégie. Mais concrètement, que s’est-il passé ? En matière d’efficacité énergétique, nous avons fait des progrès malgré la croissance démographique et économique. Mais en ce qui concerne les énergies renouvelables, nous n’avons guère profité des opportunités et inutilement perdu du temps. D’une part, parce qu’au nom du compromis politique, la stratégie énergétique a fixé des conditions-cadres insuffisantes. On peut mentionner à ce titre les instruments de financement modestes et limités dans le temps, une procédure d’autorisation lente ou encore un déséquilibre dans la pondération entre protection et utilité. Autant d’aspects qui pèsent lourd aujourd’hui. Les responsables politiques le reconnaissent et s’emploient à rectifier le tir. Restent les relations avec l’Europe. Le Conseil fédéral n’a pas fait les choses à moitié en nous mettant clairement dans une position d’isolement. Une erreur fatale qui se paie aujourd’hui, car c’est justement dans le besoin que des relations de confiance avec nos principaux voisins et partenaires commerciaux seraient essentielles. Quand Robert Habeck fait remarquer qu’un accord de solidarité exige la solidarité des deux parties et que la Suisse a du retard sur cette question, il n’y a pas de quoi être surpris.

Conditions-cadres qui soient enfin à la hauteur des enjeux
La sécurité d’approvisionnement peut être atteinte à moyen terme à condition de nous débarrasser des obstacles et des blocages inutiles, aussi bien dans notre tête que dans nos actes. Nous avons besoin de solutions créatives qui simplifient et accélèrent considérablement le développement des moyens de production renouvelables. Nous avons besoin d’institutions qui prennent leurs responsabilités et font preuve de leadership. Et nous avons besoin de chacun d’entre nous souhaitant faire partie des pionniers de la transition énergétique et étant prêt à investir dans ce changement. En tant qu’Aeesuisse, nous nous engageons de toutes nos forces en faveur de conditions-cadres qui soient enfin à la hauteur des enjeux.

Texte : Stefan Batzli, Directeur de l’Aeesuisse

0 Kommentare

Kommentar hinzufügen

Top

Gelesen
|
Kommentiert