Le nouveau type de module photovoltaïque développé par Solaxess pour des applications intégrées aux bâtiments ne pourra pas être commercialisé avant l'automne 2020 en raison du retard de livraison d'une machine de production. Bild: Solaxess

La jeune entreprise Methanology développe des appareils qui produisent du méthanol à partir du CO2 atmosphérique, de l'eau et des énergies renouvelables. Image : Methanology

Les jeunes entreprises font état de divers avantages pour leurs activités commerciales. Image : Moniteur de l'innovation

Christina Marchand, co-auteur de l'étude "Innovation Monitor". Image : Conradin Frei

La pandémie du COVID 19 ne laisse pas les jeunes entreprises cleantech indemnes. Image : Moniteur de l'innovation

Yves Loerincik, co-auteur de l'étude "Innovation Monitor". Image : privé

‹ Moniteur de l'innovation › : les startups cleantech vont survivre à la pandémie

(BV) Les startups dans le domaine des technologies énergétiques et environnementales sont touchées par la crise du COVID 19 au même titre que celles de la majorité des autres secteurs. Toutefois, trouver des solutions aux défis énergétiques et environnementaux reste d’actualité et urgent, les jeunes pousses peuvent donc s'attendre à un marché croissant à moyen terme. Tel est le message clé d'une enquête du Moniteur de l'innovation, qui suit le développement des startups dans les domaines de l’environnement et de l’énergie. Le moniteur de l’innovation est un programme soutenu par l'Office fédéral de l'énergie. Les startups dans les domaines de l’énergie et de l’environnement pourraient même bénéficier de la crise du COVID 19. (Text auf Deutsch >>)


On dit qu’une crise est toujours synonyme d’opportunités. Ce dicton peut sembler de mauvais goût pour les entreprises qui ont fortement soufferts de la pandémie du COVID 19. Et pourtant, tant à court qu'à moyen terme la pandémie a permis à certaines entreprises de voir une augmentation de la demande pour leurs produits. Pour d’autres, de nouvelles opportunités de marché pourraient bien apparaître à court terme. C'est le cas, par exemple, de la startup Aquama (Tolochenaz/VD), qui produit des désinfectants biodégradables. Ou pour greenTEG, fondé en 2009, dont les capteurs de chaleur, qui ont été moins demandés dans le secteur de la construction pendant la crise du COVID 19, peuvent être utilisés comme thermomètres cliniques dans la détection du COVID 19.

Nouvelles opportunités à moyen terme
Les jeunes entreprises dans les domaines des technologies propres pourraient également voir apparaître de nouvelles opportunités à moyen terme. La mise en place de technologies énergétiques et environnementales efficaces et économes en ressources est une nécessité qui va au-delà de la pandémie. « Les startups cleantech offrent des solutions aux problèmes urgents du climat et de l'environnement ; elles ont des perspectives commerciales intéressantes à moyen terme si elles trouvent les moyens pour survivre à la crise économique du COVID 19", déclare Dr. Christina Marchand, économiste d'entreprise à l'Institut pour l'innovation et l'entrepreneuriat de la Haute école spécialisée de Zurich (ZHAW). Dans ce contexte, la chercheuse fait référence au "Green New Deal" de l'Union européenne, qui a déclaré que la durabilité était une priorité absolue pour le continent.

Enquête annuelle sur les jeunes entreprises
Cette évaluation est basée sur le ‹ Moniteur suisse de l'innovation dans les domaines de l’environnemental et de l’énergie ›. Cette base de données est notamment alimentée par une enquête annuelle en ligne auprès de plus de 500 startups cleantech, que Christina Marchand mène en collaboration avec la société de conseil en environnement eqlosion, basée en Suisse romande. Le ‹ Moniteur de l'innovation › a été lancé en 2014 pour les jeunes entreprises du secteur de l'énergie, puis étendu aux entreprises du secteur de l'environnement et de la durabilité en 2018, et les données sont depuis accessibles à tous. Le suivi de ce secteur d’activité est important, surtout depuis 2011 - l'année de l'accident nucléaire de Fukushima – car un nombre considérable de startup ont été créées et sont impliquées dans la transition énergétique et écologique de la Suisse. Les données recueillies dans le ‹ Moniteur de l'innovation › montrent que ces startups ont des idées innovantes, que cela prend du temps pour avoir un produit mature, et qu’elles doivent persévérer : La plupart des entreprises qui sont référencées sont encore relativement petites (moins de dix employés), même plusieurs années après leur création et elles concentrent leurs activités commerciales principalement sur la Suisse.

Défis supplémentaires dans un environnement réglementaire
Dans tous les cas, démarrer une nouvelle entreprise est un tour de force et il faut du temps et beaucoup d’efforts pour qu'elle réussisse sur le marché. Les jeunes pousses du secteur de l'énergie doivent relever des défis supplémentaires : elles opèrent dans un environnement réglementaire caractérisé par un marché qui n'a été que partiellement libéralisé et qui est toujours dominé par les fournisseurs d'énergie. Grâce au données collectées par le « Moniteur de l’Innovation», nous savons maintenant que les jeunes entreprises du secteur des technologies propres dont les besoins en capitaux sont supérieurs à 2 millions de francs dépendent généralement d’investisseurs étrangers.

Les modèles commerciaux numériques ont le vente en poupe
L'enquête annuelle de l’‹ Innovation Monitor › a été menée en mai pendant la période de confinement lié à la crise du COVID 19. Les résultats donnent un aperçu de la manière dont les jeunes entreprises sont touchées par la pandémie et des stratégies qu’elles ont décidé de mettre en place pour surmonter la crise. 125 entreprises ont fourni des informations sur leur situation actuelle et des entretiens approfondis ont été menés avec onze startups. 72% des personnes interrogées ont fait état d'un impact négatif de la crise du COVID 19 sur leur activité. Les startups de Suisse romande et du Tessin ont été légèrement plus touchées que celles de Suisse alémanique, ce qui n'est pas surprenant puisque ces régions du pays ont été plus sévèrement affectées par la pandémie.

Solaxess : retard de livraison d'une machine de production
Au moment de l'enquête, 14 % des entreprises ne ressentaient aucun effet de la crise, et 14 % supplémentaires percevaient même des effets positifs, comme dans les cas mentionnés ci-dessus. « Outre l'adaptation des produits, les coûts pourraient être réduits dans certains cas, par exemple en utilisant un bureau à domicile ou en évitant les déplacements », cite Christina Marchand comme un effet secondaire de la crise. L'épicerie en ligne ‹ Magic Tomato › (Genève) et à d'autres fournisseurs de technologie numérique ont bénéficié d'une demande accrue pour leurs services. D'autres startups, en revanche, ont vécu des expériences frustrantes pendant la crise. La société Solaxess (Marin-Epagnier/NE) a développé un nouveau type de module photovoltaïque pour des applications intégrées aux bâtiments, qui devait arriver à maturité au printemps, mais qui finalement ne pourra pas être commercialisé avant l'automne 2020 en raison du retard de livraison d'une machine de production. Si la crise COVID 19 se prolonge de nombreuses startups sont menacées avertissent les responsables du ‹ Moniteur de l'innovation ›.

Les innovations renforcent la durabilité
La pandémie a mis un frein brutal au développement économique. Les chiffres de vente diminuent, les projets sont retardés, les investisseurs agissent plus prudemment. Une majorité des jeunes entreprises interrogées (55 %) ont été dépendantes de l'aide du gouvernement pendant la crise ; un bon quart d’entre elles jugent d’ailleurs ces aides insuffisantes. « En outre, la crise actuelle du COVID 19 a rendu plus difficile pour de nombreuses startups l’accès à du capital-risque par les canaux habituels », explique Yves Loerincik, co-auteur de l'analyse ‹ Innovation Monitor ›. Cela pourrait constituer un revers majeur, car 80% des startups ont besoin de plus de 100 000 francs suisses en nouveaux capitaux dans un avenir proche, 27% sont même à la recherche de plus de 2 millions de francs suisses.

Un instantané
Les résultats du ‹ Moniteur de l'innovation › sont un instantané. Pour l'instant, il est impossible de prévoir à quoi ressembleront les startups cleantech à la fin de la crise du COVID 19. Les perspectives générales du secteur restent fondamentalement bonnes, car des développements importants sont prévus dans ces domaines d’activité et pourraient profiter aux startups qui proposent des technologies énergétiques et environnementales d'avenir, comme le souligne Annina Faes, responsable du programme "Transfert de connaissances et de technologies" de l'OFEN : "Les cleantech sont un marché en pleine croissance dans le monde entier, et en Suisse aussi. Les chaînes de valeur durables, la production économe en ressources et la hausse des prix du CO2 sont des tendances à long terme qui favorisent les conditions de marché des entreprises dans le domaine des technologies propres et cela peut contribuer à leur permettre de surmonter la crise actuelle".

  • Des informations sur l' ‹ Innovation Monitor › et l'étude sur l'impact de la crise du COVID 19 sur les startups dans le domaine des cleantech sont disponibles sur www.innovation-monitor.ch >>

  • Des informations complémentaires sont disponibles auprès d'Annina Faes (annina.faes[at]bfe.admin.ch), responsable du programme Transfert de connaissances et de technologies de l'OFEN.

  • Vous pouvez trouver d'autres articles spécialisés dans le domaine du transfert de connaissances et de technologies sur le site www.bfe.admin.ch/ec-ees >>.

Texte : Benedikt Vogel, sur mandat de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN)

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